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Cher(e) ami(e) du Tao, 

N’avez-vous pas parfois l’impression de lutter pour rester sur la voie que vous croyez juste ?

Ne vous sentez-vous pas seul(e), souvent, dans un monde qui va trop vite pour l’âme sensible et éveillée que vous aspirez à être ? 

 Les chemins tout tracés, imbibés de normes sociales parfois incompréhensibles, ne vous laissent-ils pas las, fatigués… Perdus ?

Moi, si. 

C’est cette réflexion, ou du moins cette difficulté à lâcher prise, qui m’a inspiré cette nouvelle lettre.

Cela m’a rappelé à l’histoire de Zhang Guo Lao, l’un des Huit Immortels, que je prends grand plaisir à vous partager aujourd’hui.

Zhang Guo Lao : l’Ermite Immortel 

Zhang Guo Lao était un ermite très âgé, ayant, selon les sources, vécu au VIIème siècle. 

L’homme était connu pour parcourir les montagnes du Shan-x, chevauchant à l’envers un âne blanc. 

L’animal, doté de capacités hors du commun, était célèbre dans toute la région. 

Il pouvait parcourir des milliers de lieues chaque jour avec une rapidité étonnante. 

Arrivé à ses destinations, le vieil homme pouvait alors plier son valeureux destrier comme une simple feuille de papier, afin de le ranger dans sa boîte à mouchoirs. 

Lorsqu’il souhaitait reprendre la route, Zhang Guo Lao n’avait qu’à déposer quelques gouttes d’eau sur le papier pour que son âne reprenne sa forme originelle. 

Cette anecdote n’est pas l’unique fait, plutôt singulier, attribué au vieux sage. 

Outre ses tours de magie, sa capacité à se rendre invisible et à supporter les boissons les plus empoisonnées, Zhang Guo Lao était connu pour être parfaitement insaisissable. 

Zhang Guo Lao, en appliquant les fondamentaux du taoïsme, refusait les obligations sociales et l’attachement à une fonction particulière.

C’est ainsi que de nombreux puissants souhaitèrent le convoquer à leur cour, sans résultats.

Ce fut le cas de l’impératrice Wu, qui le convoqua sans ménagement.

Forcé d’obéir, du moins en apparence, Zhang Guo Lao quitta sa montagne.

Arrivé à la porte du temple, Zhang Guo Lao s’écroula, mort.

Quelle ne fut pas la surprise du voisinage de le voir réapparaître, l’air de rien, dans les environs de Hangzhou, bienheureux et en parfaite santé…

Zhang Guo Lao accepta toutefois de se rendre à la cour de l’empereur Tang Xuanzong, qu’il prit plaisir à amuser avec ses tours et anecdotes.

C’est à cet empereur que Zhang Guo Lao confia que son âne blanc était, en réalité, entièrement constitué de papier.

C’est le contact avec l’eau qui lui offrait sa forme magique, d’Être de chair et d’os.

Devant la surprise de l’empereur, Zhang Guo Lao lui confia :

« La vérité se lève et le faux ne dure pas »

Lassé des conventions et des mondanités, le vieil homme se réfugia à nouveau dans sa montagne, et mourut peu après.

Des années plus tard, sa tombe fut retrouvée vide.

Zhang Guo La : le vieillard tournant le dos au destin

Cher(e) ami(e) du Tao, je suppose que tout comme moi, l’humour et le paradoxe de la sagesse vieillard ne vous ont pas échappés.

Zhang Guo Lao nous délivre ici un enseignement qui résonne fortement avec les contraintes de notre vie contemporaine.

Il n’est pas difficile de voir ici la monture magique du vieux sage comme une métaphore forte de ce qui nous dépasse, nous entraîne vers notre destinée, irrémédiablement, et parfois plus vite que nous le souhaiterions.

Lorsque, en tant que cavaliers de la vie, nous choisissons de prendre les rênes en main et de diriger notre destin vers une destination réfléchie, Zhang Guo Lao nous enseigne une leçon à contre-courant..

En chevauchant sa monture à l’envers, Zhang Guo Lao tourne volontairement le dos à la prédétermination, à la volonté incisive et inflexible de l’Être.

Prenons un moment pour méditer cet enseignement.

Quelles parties de votre vie ne laissez-vous jamais au hasard ?

Nous pensons souvent que tout doit être planifié, contrôlé, mais est-ce vraiment le cas ?

En quels instants serrez-vous fort les rênes du destin, pour ne jamais laisser les choses s’écouler d’elles-mêmes, alors que tout vous appelle à lâcher prise ?

Je vous invite à fermer les yeux et à pratiquer de profondes respirations.

Que se passe-t-il si nous nous laissons aller au Tao au lieu de lutter contre les évènements ?

La réponse se trouve au fond de vous. Peut-être l’avez-vous déjà à l’esprit.

Peut-être que la prochaine fois que vous vous sentirez agrippé à ces rênes, repenserez-vous au vieillard sage qui parcourait la montagne, tournant le dos au chemin.

Pour ma part, il est certain que cette image restera gravée dans mon esprit.

Peut-être nous guidera-t-elle vers davantage de respirations au quotidien, d’instants où nous déciderons, nous aussi, de nous abandonner au Tao. 

Libres et sereins.

Confiants.

La Légende de Zhang Guo La : une invitation empreinte de sérénité

Je pense à des exemples quotidiens qui démontrent, avec force et simplicité, combien les événements échappent à notre contrôle, et qu’il est inutile de les retenir

Telle la main qui tente de contenir un filet d’eau.

Tel le sable chaud qui nous glisse entre les doigts.

Cette proposition d’emploi insolite qui nous arrive dans un moment de désespoir.

Les clefs de la voiture que nous retrouvons enfin, alors que nous les cherchions depuis de longues minutes.

Alors qu’elles étaient posées en évidence.

Ce conflit qui se règle de lui-même, sans que nous n’ayons à intervenir ou à parlementer.

Cette idée lumineuse qui nous parvient, tel un éclair, au beau milieu de la nuit.

Ce rêve qui vient révéler une vérité difficile à s’avouer.

Cette relation amoureuse que nous tentons de sauver coûte que coûte.

En oubliant de nous sauver nous-mêmes.

Et qui nous offre un soulagement salvateur lorsqu’elle prend fin. 

Enfin.

Telle la première goulée d’air pur qui emplit nos poumons après avoir passé une longue minute sous l’eau.

Votre quotidien, tout comme le mien, regorge d’exemples similaires.

Les choses viennent à nous sans que nous n’ayons à les chercher. 

Il nous suffit de les accepter.

Nous tentons de remonter à contre-courant, mais c’est lorsque nous nous laissons porter que nous atteignons enfin la paix.

C’est dans ce principe de non-action que s’inscrit la légende de Zhang Guo Lao.

Dans cette idée que le futur nous est inaccessible, et le passé écoulé.

Seul compte le moment présent, seul lieu possible d’existence du Tao.

Notre unique destination, notre unique moment de vie.

Zhang Guo Lao ne contemple-t-il pas, impassible, les évènements s’écouler, lorsqu’il tourne le dos à la route et à sa destinée, en choisissant délibérément de se remettre entièrement au Tao ?

Une place tout indiquée pour permettre l’existence d’un état méditatif, empreint de sérénité.

Cesser de nager à contre-courant, et se laisser porter par la marée.

Un passé inaccessible, un futur inexistant

Savoir d’où nous venons pour comprendre où nous allons, voilà une excellente source de réflexion.

En observant le paysage changer autour de lui, Zhang Guo Lao peut aisément deviner la suite des évènements. 

Comprendre où son âne le mènera.

Zhang Guo Lao, en observant son passé défiler sous ses pieds, nous montre que se concentrer sur l’avenir ne mène nulle part

Nous devons réussir à faire la différence entre ce qui nous échappe à notre contrôle et ce qui peut réellement être changé.

Une invitation pour nous, contemporains, à lever le nez de nos obligations, à nous détacher de ce que le monde attend de nous, pour mieux observer le paysage.

Se rendre compte de nos préjugés, idées fixes, croyances limitantes.

Lever les yeux et se laisser porter par le fil du Tao, en observant l’immensité du ciel bleu.

Regarder passer les problématiques quotidiennes comme l’on regarderait passer les nuages.

Impassiblement. 

Observer les événements tels des ruisseaux sans amont ni aval, qui suivent le juste cours des choses.

Zhang Guo Lao nous montre que la sagesse ne s’acquiert pas en serrant les rênes du destin à s’en faire saigner les mains.

La sagesse de se laisser fondre dans le Tao, dans ce qui nous échappe, dans un lâcher-prise absolument salvateur.

Alors, peut-être, réussirons-nous à exister pleinement.

Tout comme Zhang Guo Lao pliait son âne et le rangeait, nous avons à notre disposition des solutions simples pour naviguer à travers les défis de notre époque, si nous acceptons de lâcher prise.

L’enseignement de Zhang Guo Lao nous invite alors à nous détacher de nos sources de stress.

Une réunion à venir qui nous angoisse.

Les embouteillages.

Le train qui est – encore – en retard.

La course à la perfection physique.

Accepter ce que nous ne pouvons changer.

Accepter que nous ne sommes pas parfaits, et que les autres non plus.

Voir le Tao dans chaque partie, même insignifiante, de notre existence.

Se sentir soulagé de ne pas avoir à lutter contre le courant.

Se détacher de ce qui nous entrave

La légende attribue à Zhang Guo Lao une immense sagesse :

« Les individus se sont perdus dans ce monde, en recherchant le profit, les désirs et les sentiments, la célébrité. Ces comportements sont opposés au retour au véritable soi, à l’origine première ».

Zhang Guo Lao nous invite ici à questionner notre rapport aux normes sociales, à nos attentes, au respect des conventions.

N’est-ce pas en nous détachant des règles préétablies que nous osons enfin regarder à l’intérieur de nous-mêmes, sans jugement ni préjugés ?

Tourner le dos, volontairement, au chemin que les normes nous obligent à emprunter.

L’histoire de Zhang Guo Lao est, pour ma part, une invitation douce et sereine à oser refuser l’inflexibilité des normes.

À contempler le chemin plutôt que de se concentrer uniquement sur la destination.

Dans un monde qui exige de nous toujours plus, entre productivité et respect des conventions, n’avons-nous pas perdu quelque chose d’essentiel, qui fait notre unicité et notre liberté fondamentale ?

Lorsque nous fuyons notre passé, dans une inexorable course vers l’avant, vers le toujours mieux, sommes-nous réellement accomplis et heureux ?

Peut-être avons-nous tous à gagner à nous détacher du qu’en dira-t-on, des attentes irréalistes d’une société capitaliste et profondément malade, pour retrouver ce qui existe en nous sans intervention extérieure.

Peut-être qu’en osant exister pour nous-mêmes, sans peur de sortir des normes préétablies, parviendrons-nous à toucher du bout du doigt la véritable sérénité.

Cher(e) ami(e) du Tao, je vous invite aujourd’hui à une réflexion sur ce qui existe de merveilleux en vous, et qui ne demande qu’à exister pleinement.

Sans jugement.

Sereinement.

Charles Zhang

PS : Le partage est notre règle d’or… N’hésitez pas à nous partager vos ressentis et votre point de vue dans les commentaires.

 

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