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Cher(e) ami(e) du Tao, 

Regardez bien cette image : 

C’est une simple tasse.

Vide.

Vous vous dites sûrement qu’une telle image est plutôt triste, voire ennuyeuse.

Et pourtant, celle-ci recèle un enseignement fort, en lien direct avec la pensée taoïste : le concept du vide.

Or, ce n’est ni la forme ni la matière dans laquelle est constituée cette tasse qui la rende utile au quotidien.

C’est son vide qui lui permet de remplir sa fonction.

Le vide lui donne tout son sens.

Ce qui est intéressant, c’est que, dans le taoïsme, le concept du vide est essentiel. 

Le vide n’y représente pas une absence, comme on pourrait le suggérer, ni un manque.

Il représente un potentiel infini.

Une capacité extraordinaire à accueillir et à transformer.

Le taoïsme nous invite donc à repenser notre manière de considérer le vide, afin d’intégrer cette idée dans nos vies en toute sérénité. 

La tasse vide recèle alors de nombreuses possibilités : elle peut y accueillir du café, de l’eau, mais aussi être utilisée pour nettoyer les pinceaux d’aquarelle ou pour mesurer une quantité de farine.

Le vide présent dans notre vie est alors tout autant porteur de potentiel que cette simple tasse.

Il nous suffit de lui laisser suffisamment d’espace pour exister.

Explorons ensemble ce sujet aussi intrigant que passionnant.

Le vide selon le Tao : fondement et puissance

Le concept du vide est essentiel dans l’enseignement du Tao.

Nommé wu (无), le vide n’y est pas vu comme un manque ou une absence.

Il s’agit davantage d’un espace de préexistence, d’où tout peut émerger.

Un commencement.

Une promesse.

Sa compréhension est intimement liée à celle du wu-wei (non-agir).

À première vue, les non-initiés penseront que le wu-wei est une invitation à la paresse, au renoncement complet de l’action.

Or, ce principe taoïste est bien plus nuancé.

Il s’agit en réalité d’une capacité à agir spontanément, sans préméditation, sans autre but que de permettre une action immédiate et nécessaire.

Tout le reste est considéré comme superflu.

Les fondamentaux du wu-wei s’expriment comme une non-résistance aux forces de la nature.

Une acceptation profonde et salutaire.

Zhuangzi, un éminent penseur chinois, le décrit de cette manière au sein de l’ouvrage « Le Taoïsme » par Bernard Baudouin : 

« Le Wu-wei ne signifie pas ne rien faire et se taire, mais permettre à chaque chose d’être ce qu’elle était à l’origine, de telle sorte que sa nature se réalise ».

Il s’agit alors d’une manière d’accepter pleinement le cours des choses, sans y opposer une quelconque volonté contraire.

Alors, quel est le lien entre le vide et le wu-wei ?

Le vide favorise l’émergence du non-agir, dans ce que l’on peut nommer « la culture du vide ».

Le vide est alors vu comme le symbole d’une quiétude retrouvée, qui se caractérise comme une absence complète d’idées préconçues, de jugements ou de désirs. 

Pratiquer le non-agir, c’est ainsi faire de la place au vide.

Faire une place pour cette force attractive exceptionnelle, attirant à elle toutes les possibilités.

Or, si nous avons des jugements, des envies de transformation, une résistance au changement…

Nous ne laissons pas le vide exister.

C’est en pratiquant le non-agir que nous pouvons ouvrir la porte à toutes les potentialités offertes par le vide. 

Le wu-wei nous permet alors de faire le tri entre ce qui est absolument nécessaire et le superflu, pour que nous puissions accueillir en nous un vide salutaire.

Le vide n’est alors pas une négation, une absence, comme nous avons pu l’envisager.

Le vide est un réceptacle, un vide dit « d’accueil », qui nous pousse à davantage de réceptivité.

Il nous permet d’exister pleinement, dans le flux naturel du Tao.

Il permet au Tao d’exister en nous, de nous arrêter pour comprendre sa présence et sa sérénité.

Comprenez-vous alors pourquoi le vide est dynamique et non pas morne et triste, comme nous aurions pu le supposer ?

Le vide est créateur d’harmonie.

Le vide comme espace de transformation

Si le concept du vide dans le Tao peut vous sembler complexe à comprendre, rassurez-vous : il est possible de mieux appréhender cette théorie grâce à des exemples pratiques.

Dans la nature, le vide est une condition nécessaire pour permettre l’existence du changement et du renouveau.

À nouveau, le vide est l’espace d’où toute manifestation peut émerger.

De la même manière que les arbres se dépouillent en octobre pour mieux renaître et fleurir en mai.

Tout comme les marées se retirent pour mieux remplir ensuite l’espace des plages.

Comme les sillons creusés dans la terre deviennent des flaques d’eau après la pluie.

Permettant d’abreuver les animaux sauvages et de passage.

Le silence de l’hiver, dénudé de ses animaux et de ses oiseaux, est suivi par une éclosion de cris, de chants et de pépiements au retour du printemps.

Le vide est ainsi une condition nécessaire pour la renaissance et le renouveau, et cela peut également se vérifier dans votre vie personnelle.

N’avez-vous jamais expérimenté des moments de doute ou de pause, vous offrant la possibilité de nouvelles perceptives ?

Si vous avez déjà retenu votre parole dans une conversation, vous savez de quoi il s’agit.

Vous vous êtes sûrement déjà rendu compte que votre silence, au milieu d’une conversation, va pousser votre interlocuteur à davantage parler.

À s’ouvrir à vous.

Pourquoi ?

Parce que vous lui offrez de l’espace.

Votre silence lui offre un espace où ses confidences peuvent émerger naturellement, dans le flux spontané du moment.

N’est-ce pas magnifique ?

J’aime beaucoup cette citation du Dao De Jing, qui explique parfaitement l’importance créatrice du silence : 

« Trente rais composent une roue ; mais c’est de leur vide que dépend l’usage du char.

On façonne l’argile pour faire des vases ; mais ce n’est pas seulement leur forme qui importe, c’est le vide qu’ils contiennent qui leur donne leur pleine utilité...

On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison ; c’est encore du vide que dépend l’usage de la maison.

C’est pourquoi l’être produit des objets, mais c’est le non-être qui rend leur usage possible. »

Le vide est ainsi un élément efficace, dynamique et existant.

C’est un réceptacle de potentialités, qui ne demande qu’à être utilisé.

La création d’espace dans la pratique taoïste

Je suis certain que vous avez déjà observé l’utilité du vide dans votre vie.

N’avez-vous jamais baissé le son de la radio lorsque vous cherchez votre route en voiture ?

Ne vous sentez-vous pas plus apaisé lorsque vous avez terminé de désencombrer une pièce ?

Je vous invite alors, à présent, à identifier un domaine encombré de votre vie.

Dans votre esprit, votre emploi du temps, ou dans votre lieu de vie.

Créez-y de l’espace pour que le vide puisse s’y inviter.

Décrochez les cartes postales du frigo, afin de faire de la place pour de nouveaux souvenirs à accrocher.

Désencombrez et rangez votre bureau. 

De nouvelles idées créatives peuvent ainsi émerger.

Annulez cette activité que vous vous forcez à réaliser, mais qui ne vous procure aucun bienfait – et qui surcharge inutilement votre emploi du temps.

Méditez, afin d’inviter le vide dans votre esprit.

Il existe des centaines de manières de faire de la place au vide et à l’harmonie dans notre existence.

Invitons-les, tels des convives précieux, dans notre quotidien.

Le vide, une invitation au renouveau

Le vide permet au changement naturel de s’exprimer librement.

C’est à partir de lui seul que la nouveauté peut émerger. 

C’est comme lorsque nous répétons sans cesse la même erreur en espérant un résultat différent.

Nous ne pouvons évoluer et nous transformer que lorsque nous laissons de la place à la nouveauté.

Sortir de nos anciens schémas de pensée, sans en adopter de nouveaux.

Simplement nous détacher de nos croyances préconçues, et observer ce qui vient remplir le vide que nous avons créé. 

Plusieurs métaphores taoïstes permettent d’illustrer ce propos.

Une graine a ainsi besoin d’un petit espace creusé dans le sol pour réussir à germer et grandir.

C’est le vide entre les feuilles d’un arbre qui permet à la lumière de passer, pour inonder de ses rayons les sous-bois.

Un silence partagé avec un ami vaut souvent bien davantage que de longues phrases.

Il est alors si particulier de découvrir toute la puissance du vide.

Savoir reconnaître l’utilité de sa présence est un chemin sinueux, nous menant vers une plus grande harmonie au quotidien. 

Accueillir le vide comme une voie vers le Tao.

Le vide, ainsi, n’est ni une absence ni un manque.

Il s’agit d’une exceptionnelle opportunité.

Il ne tient qu’à nous de lui offrir une place de choix dans notre vie.

Que diriez-vous d’observer l’espace que vous pouvez libérer, afin d’accueillir ce qui cherche naturellement à émerger ?

Je vous invite à réfléchir à la place que vous pourriez laisser au vide, pour faire émerger quelque chose de nouveau.

En harmonie avec le Tao.

Avec toute mon amitié,

Charles Zhang

PS : N’hésitez pas à partager votre avis, vos ressentis en commentaire.

C’est toujours un plaisir de vous lire !

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