Cher(e) ami(e) du Tao,
Ici Charles Zhang.
Je vous relaye ce texte de Fabrice Jordan sur les 10 critères d’une relation saine selon le taoïsme.
Dans ce texte, j’ai été particulièrement inspiré par le paragraphe sur le Kun.
Cela m’a rappelé qu’une écoute véritable va au-delà des mots.
C’est une résonance avec le cœur de l’autre, une acceptation de ses rêves, de ses espoirs et de ses craintes.
Cette acceptation permet de créer un environnement sûr où l’on peut se montrer vulnérable et authentique face à l’autre.
Grâce à cet enseignement, j’ai appris à être moins dans le jugement et plus dans l’acception.
J’ai aussi appris à éviter les réponses ‘du tac au tac’, privilégiant une écoute attentive et active.
Cela me permet de mieux comprendre et respecter les perspectives de l’autre.
Je vous invite à découvrir la plume de Fabrice Jordan et à réfléchir à la manière dont ils peuvent s’appliquer dans votre propre vie.
Cordialement,
Charles Zhang
P.S. : N’hésitez pas à partager vos sentiments et expériences sur vos propres relations.
10 CRITÈRES D’UNE RELATION SAINE SELON LE TAOÏSME
par Fabrice Jordan
1) L’équilibre dynamique (Yin-Yang)
Chaque personne est constituée d’une partie Yin (réceptrice) et Yang (agissante). Pour que la vie soit possible, Yin et Yang doivent rester en contact et se fertiliser mutuellement.
Ainsi, chaque personne dans le couple peut prendre le lead à un moment donné, ou suivre, selon l’ajustement aux différentes circonstances, aux capacités innées de chacun, ou simplement selon les envies du moment.
L’important ici est la non-fixation dans un rôle défini et…définitif. Tant que le couple est capable d’échanger ces types d’expression de manière régulière et simple, le système est sain.
Yin-Yang est ce dialogue ininterrompu entre écoute et émission, entre calme et énergie, chaque terme préparant l’émergence de son contraire.
2) La clarté relationnelle (Qing)
Aujourd’hui, le couple peut être réinventé à l’envi. Du couple « traditionnel », à la famille recomposée, en passant par les couples ouverts, les trios ou n’importe quelle autre configuration, la question finalement la plus importante est la clarté mutuelle.
A partir du moment où il n’y a plus de règle externe, alors la responsabilité de chacun.e est forcément convoquée.
« Quels sont mes aspirations et mes besoins ? » est la question que chacun.e doit se poser, puis y répondre d’abord pour elle ou lui-même.
A partir de là, la communication à l’autre est essentielle, afin que chacun puisse se positionner, éventuellement négocier, et finalement, décider.
Qing est cette capacité à produire de la clarté, et à s’y tenir.
3) Le cœur doucement ouvert (Kai Xin)
Au-delà de la passion, une relation saine devrait entraîner chez chacun des partenaires un « Cœur ouvert ».
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
D’abord, un cœur serein, calme, qui a l’impression qu’il peut se poser, et qui est en confiance.
Ensuite, un cœur qui a de douces envies : de créer, de bouger, de découvrir, d’échanger, et qui est porteur d’une saine curiosité.
Enfin, un cœur légèrement joyeux, sans excès, dans lequel une forme de contentement profond et calme peut lentement s’installer, tout en gardant une sorte de pétillement contenu.
Kai Xin est cette capacité à garder un cœur en expansion, qui sans cesse découvre de nouveaux espaces de partage, inconnus jusqu’alors. Et capable d’humour, souvent.
4) La possibilité d’être authentique (Zhen)
Un système relationnel sain permet à chacun d’être pleinement elle ou lui-même. Chaque chose importante doit pouvoir être exprimée ou proposée, sans crainte de la réaction de l’autre.
En général, il faut du temps dans une relation pour que cette authenticité puisse s’épanouir complètement, en raison des bagages que chacun.e amène avec lui dans le nouveau chemin à deux.
Il faut passer un certain nombre d’étapes significatives pour que cette qualité puisse se déployer à sa pleine mesure.
Néanmoins, retrouver sa pleine authenticité devrait être un but de toute relation saine.
Zhen pointe vers un humain pleinement debout et ouvert, qui prend simplement sa juste place, ni plus, ni moins, ce qui lui donne la force pour oser une relation adulte et saine, partageant sur un mode plein qui permet l’émergence d’un « troisième », la personnalité du couple, qui sera de fait le gâteau sur la cerise, car cette personnalité surprend les deux membres du couple et tend à les élever encore plus.
5) Un système relationnel homéostasique (Wu Xing)
L’étude de la biologie, ou de la cybernétique, montre qu’un système sain est un système ouvert, capable d’autorégulation.
Il en va exactement de même dans le couple.
Pour qu’il reste dans une forme d’homéostasie, celui-ci doit pouvoir échanger avec l’extérieur afin de ramener de l’information et de la nouveauté (de la nourriture) à l’intérieur du système (cycle Sheng, de la vie).
Pour autant, il doit aussi pouvoir freiner une ouverture trop importante et/ou trop rapide, qui risquerait de faire exploser le système et être capable de retourner l’énergie vers l’intérieur pour nourrir la base du couple (cycle Ke, de contrôle).
De ce fait, un système sain joue sans cesse dans une forme de respiration dansée, entre ouverture et fermeture, sans jamais que l’un des deux mouvements ne prennent le pas trop longtemps sur l’autre, ou pire, s’en sépare.
Wu Xing est cette capacité à « pousser » chacun des partenaires à croître, tout en lui donnant un cadre (un contrôle) qui permet de contenir l’énergie pour permettre à la personne d’entrer en alchimie avec elle-même d’abord, et avec l’autre ensuite.
6) Une relation qui permet la croissance de chacun.e (Sheng)
Un couple, pour être vivant, doit absolument permettre la croissance de chacun des partenaires. L’adulte est un être en mouvement, comme un enfant. Nous en avons parfois une vision statique parce que concrètement, nous ne « grandissons » plus (voire, nous nous ratatinons un peu, avec l’âge).
Néanmoins, dans une perspective spirituelle, cette absence de croissance grossière externe ne présage en rien de la croissance intérieure, qui elle, reste vivante et prospère tout au long de notre vie.
Le couple peut offrir un terreau de croissance fertile, si chacun.e a conscience de son propre besoin de croissance et d’évolution et décide en conscience de profiter de la présente de l’autre comme point d’appui (mais pas comme béquille) pour croître, tout en acceptant par réciprocité de servir également et en même temps de point d’appui à l’autre pour le même projet.
Sheng est cette capacité à croire, puis à réellement sentir, ce puissant courant interne qui nous pousse à continuer à évoluer, et ceci depuis la nuit des temps (aka Big Bang).
7) Laisser une place au mystère et à l’inconnu (Xuan)
Un des écueils les plus courants à la capacité à apprécier ce que l’on a est la volonté de contrôle, qui se manifeste sous la forme du « démon de la perfection ».
Tant que le monde sera, il ne sera jamais comme nous le voulons. Le plus vite on comprend ça, le plus rapidement on se pacifie et on peut alors jouir de l’improbable, de l’imprévu, de la formidable opportunité à être étonné de l’inventivité de la vie, du couple et du ou de la partenaire, à créer quelque chose à quoi on ne s’attendait pas.
Y compris un verre cassé au pire moment (évidemment) mais qui peut, si on sait y voir quelque chose de neuf, apporter son lot de bienfaits qu’il faut apprendre à chercher activement.
Xuan, le mystère, est cette capacité à chercher « l’interstice », ou la « décoïncidence » dirait François Jullien. Le rire du Tao derrière le jeu des apparences.
8) La capacité d’écoute, d’introspection et de support (Kun)
Pas de couple, sans une capacité d’écoute, d’absorption, de rétention. Symbolisé par l’élément de la Terre, ces capacités forment un support pour l’autre, un terre d’accueil.
Le trigramme Kun, formé de trois traits brisés (laissant entrer la lumière, dirait Cohen) symbolise à merveille cette tranquillité stable qui donne du temps à l’autre pour s’ouvrir, prendre confiance et peu à peu laisser émerger son authenticité et le meilleur d’elle ou de lui-même.
9) La volonté d’agir et de changer ce qui doit l’être (Qian)
Pas de Kun, sans Qian, le Ciel. Formé par trois traits Yang, pleins, superposés, Qian symbolise l’inverse de Kun, c’est-à-dire l’action, la capacité à changer les choses, l’impact sur le monde.
A quoi servirait une écoute passive si elle n’était suivie d’une action ?
A quoi sert-il de présenter ses excuses sans envie réelle de changer le comportement qui a engendré le besoin même de présenter ses excuses ?
Pourquoi être en couple, si on ne désire rien à changer à ses habitudes ou à sa zone de confort ?
Qian est cette capacité à modeler le monde, les choses et nos propres habitudes pour permettre une configuration confortable pour tout le monde, sans perdre son authenticité
Qui peut demander au Ciel d’être autre chose que lui-même ?
…mais en ayant le courage du Tigre pour traverser nos peurs. Evidemment, Qian appelle Kun, et après l’action, une nouvelle phase d’écoute est à nouveau convoquée. Le cycle doit rester en mouvement, tout comme le couple Yin/Yang.
10) La facilité (Zi Ran)
Pour finir, une certaine facilité devrait être présente dès le début. Non pas que les oiseaux sifflent en tout temps dans un ciel bleu habillé d’un arc-en-ciel. Mais les choses devraient pouvoir se dérouler avec un certain naturel, dans un rythme juste, peut-être parfois plus lent, ou par moment plus groovy, mais globalement plutôt facile.
Zi Ran, le « ainsi, comme ça, par soi-même) est cette sensation de naturel dans la relation, comme une cascade coule naturellement du haut vers le bas.
Cela n’empêche pas des efforts momentanés ou des périodes moins fluides occasionnelles, mais globalement, elles devraient représenter moins de 10% du temps, et ces périodes sont surmontées en étant appuyées sur le 90% de celles qui sont fluides, et qui ont créé le socle de confiance pour savoir ces tumultes passagers et en voie de transformation.
Évidemment, pas besoin de réunir tous ces critères d’un seul coup, mais le taoïsme donne une vision intéressante d’une relation saine. A partir de là, tout est question d’envie d’expérimenter, de perspective, de conscience.
Bonne réflexion et bonne pratique !
Fabrice
C’était le 5è verre qu’il cassait en peu de temps. ça commençait à faire beaucoup, j’ai voulu montrer que moi aussi je pouvais le faire, me suis emparé d’un verre et l’ai jeté de toute mes forces à terre : contre toute attente et avec un comique digne de dessin animé, le verre a rebondi, intact, désamorçant immédiatement toute tension.
Même pour un verre cassé, il y a un moment.
Oui cette liste me parle et devrait être connue de tous les couples. J’ai vécu plus de 50 ans avec mon mari et l’équilibre du couple se trouve dans des réajustements permanents.
Mais que dit le Tao pour les autres relations : amicales, parents /enfants, professionnelles ?
Merci pour tout ce que vous faites.
Gabrielle
Excellent
Chez nous feu yang + terre yang, ce n’est pas facile tout les jours , mais après 29 ans de vie commune et un confinement ( à la française) réussi, nous satisfaisons à la plupart des items développés par Fabrice, avec des hauts et bas bien sûr. Mais il y a un préalable à tout cela. Je reste convaincue que pour être bien avec l’autre, il est impératif d’être bien avec soi même ! Je suis donc ma meilleure amie!!!
Merci Fabrice pour cette analyse
Merci pour le partage de ces fondements. La relation à l’autre nécessite une meilleure connaissance de soi même. Cette démarche est riche et qu’elle belle rencontre de Soi pour mieux aller vers l’ Autre.
Explications toujours pragmatiques et à la portée de tous, Merci
BL
Bonjour, j’ai trouvé ce chapitre très porteur car il aborde le relationnel vrai .
Bonsoir,
Merci pour ce partage qui est très beau et tellement vrai.
“dans mon histoire de vie” il m’a fallu plusieurs étapes (années) pour arriver à approfondir le sujet et quel travaille cela a été ! Je suis même arrivée sur des routes où jamais je n’aurais cru aller et apprise des choses sur ma famille en autre incroyables. Bref quel voyage, quand le bateau a quitté le port… j’ai encore beaucoup à apprendre mais c’est mieux, alors c’est bien. Je me souviens d’un jour (y a plusieurs mois) où l’on m’a demandé comment je voudrais être aimé. Quelle question… j’ai pris une bonne cinquantaines de secondes avant d’y répondre. Comme c’était quelqu’un qui voulait se rapprocher de moi, je ne voulais pas répondre quelque chose qu’il voulait entendre, l’Amour ne se mendies pas et j’ai pas besoin qu’on m’aime à tout prix… Alors, j’ai répondu que cette question était bien complexe mais que finalement le point de départ d’une bonne relation dépendait de l’Amour que l’on a pour soi.
S’en suivis tout de même, dans cette histoire, un tas et un tas d’effets miroirs mutuels , quel travail et que de moments d’introspections et de partages….Très riche en enseignements de duo, on est repartis sur nos chemins respectifs en se remerciant. Ainsi j’avais compris, ya un moment que je pouvais travailler simultanément chaque secteur de ma vie (professionnel, amitié, amoureux, social, …) Maintenant, j’essais toujours d’intégrer l’histoire du tableau blanc où tout peut être peint dessus avec sérénité; j’ai compris récemment, que l’invisible et l’irréel pouvaient en être une explication, pour ce qui est de mon approche d’apprentissage concernant “l intérieur et l’extérieur”. Comme par exemple, le tableau blanc serait l’invisible (l’intérieur) et la peinture dessinée dessus, l’irréel (l’extérieur). Je progresse sans doute un peu sur ce chemin de Bruce Lee et de sa paix interieur/exterieur… Parfois, j’aimerais des vacances, l’ecole buissonière ça fonctionne pas ! Voilà pour ma petite histoire. Merci de m’avoir permise de m’exprimer…